Cinéma Inferno
Voici une lettre que j'ai écrite pour la rubrique d'opinions du quotidien Le Nouvelliste (Trois-Rivières) et publiée dans l'édition du week-end du 17-18 novembre. Si certaines réponses ont été présentées sur Cyberpresse, mon texte n'a pas eu ce privilège. J'ai donc décidé de le rendre disponible ici. Si vous êtes de Trois-Rivières ou des environs et voulez vous impliquer dans la fondation d'un ciné-club (reprenant peut-être la formule de celui de Shawinigan, en coopération avec un cinéma "commercial" de la ville), laissez un commentaire incluant une adresse de courriel et je communiquerai avec vous.
J'aurais pu choisir de vous écrire sur une variété de
sujets, Trois-Rivières étant une ville (que j'habite
depuis deux ans et que je quitterai sans trop de
remords l'été prochain) où les décisions prises
relèvent de l'étrange : coupons dans le déneigement
des trottoirs mais installons un sapin géant au
centre-ville, regardons s'éteindre le Maquisart, une
salle de quelques centaines de places pratiquement
jamais remplies à capacité mais pensons à investir
plus de 30 millions pour une scène s'étalant devant 10
000 personnes, et j'en passe. Mais le point que
j'aimerais aborder est celui de l'absence chronique du
cinéma de répertoire dans cette ville qui se dit
d'histoire et de culture.
Je reviens d'un séjour au Saguenay,
où j'ai pu voir "4 mois, 3 semaines et 2 jours" au
ciné-club de Chicoutimi, film qui ne prendra jamais
l'affiche ici, alors qu'il est présenté en salle
"commerciale" à Sherbrooke par exemple. Puis, je suis
allé sur le site des cinémas de répertoire du Québec
(www.cinemasparalleles.qc.ca). Et là, je me suis
rendu compte que nous étions vraiment les parents
pauvres de la Belle Province. La seule activité
ressemblant de loin à la présentation de films autres
que les blockbusters américains dans notre ville,
c'est Ciné-Campus. Vous savez cette activité se
déroulant dans un auditorium des années 1950 ? Quel
plaisir que de s'y présenter! Vous aurez la chance de
voir des films comme "Marie-Antoinette", disponible en
DVD depuis le printemps, ou encore "Babel", qui
prendra l'affiche en janvier 2008 et que vous pouvez
louer dans votre club vidéo préféré depuis... le 20
février 2007. Évidemment, Ciné-Campus étant resté
coincé dans les années 1960, il n'est pas possible de
se présenter à cette représentation sans se procurer
une carte de membre, alors que vous n'avez qu'à payer
votre entrée du jour dans à peu près tous les autres
ciné-clubs en province. Autre particularité de
Ciné-Campus en comparaison avec les autres ciné-clubs
: l'âge moyen des cinéphiles. Je savais que le
Trifluvien moyen dépassait la trentaine, mais là,
c'est fou. Alors qu'à Chicoutimi, la moitié des
cinéphiles présents sont des étudiants du cégep ou de
l'université, ici, si vous avez moins de 40 ans, vous
êtes suspect! Lors de mon dernier passage, le
principal sujet de conversation autour de moi était la
mort de Madame Chose ou la santé de Monsieur Un Tel.
Ciné-Campus, malgré la vente de quelques milliers
d'abonnements annuellement, se meurt. Parce qu'il vit
dans le passé, que sa formule n'a pas bougé d'un trait
et que ses membres actuels sont sans doute ceux qui
étaient présents lors de sa fondation en 1967. Quand
ils disparaîtront, Ciné-Campus s'éteindra avec eux.
Avant de me dire que je pourrais m'impliquer au lieu de
critiquer, sachez que j'ai offert mon temps
bénévolement à l'organisation il y a quelques mois,
mais personne n'a pris la peine de répondre à mon
courriel. L'ont-ils lu ? Il serait peut-être temps de
repenser la formule, d'actualiser la programmation, de
chercher à rejoindre une clientèle plus jeune,
peut-être même à déménager si la chose est possible
(le cégep ?), quitte à ne présenter une nouveauté
qu'une fois par semaine plutôt qu'un film disponible
en DVD depuis des lustres 8 fois la semaine ? Et
peut-être que les 2 cinémas commerciaux, plutôt que de
mettre à l'affiche les mêmes films aux deux endroits,
pourraient songer à utiliser leurs plus petites salles
pour présenter un film "différent" un soir tranquille
de semaine ? Ce serait plus pratique que de se rendre
au Clap à Québec, à l'Ex-Centris à Montréal ou au
ciné-club de Gaspé, déjà mieux nanti que nous ("4
mois, 3 semaines et 2 jours" y sera présenté les 20 et
21 novembre si ça vous intéresse)!
1 Comments:
allo je sais que j'arrive 3 mois plus tard mais j'aimerais bien te parler au sujet d'un ciné-club... Je suis une fille qui travaille dans le milieu et qui a une petite idée.
m_bherer@hotmail.com
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